Lorsque le prince, président, accède au pouvoir, la conquête de l’Algérie, qui débuta en 1830 à Sidi-Ferruch, s’était terminée l’année précédente lorsque Abd el-Kader ben Muhieddine de Mascara, plus connu sous le nom d’Emir Abd-el-Kader, se rend avec sa smala au Duc d’Aumale.
Contrairement à la promesse que la France lui avait faite, l’Emir et sa suite, une centaine de personnes ne pourront pas s’établir dans un pays musulman. Ils seront retenus sur le sol français pendant cinq ans. Napoléon, n’ayant plus de comptes à rendre à ses ministres après le coup d’état, décide en janvier 1852 de la libération de l’émir. Il se rend en personne au château d’Amboise pour annoncer la nouvelle à Abd-el-Kader. L'émir reçoit à Paris, qu'il visite en octobre avant de se rendre à Tunis, un accueil chaleureux de la part des Parisiens. Il garde son amitié à l'empereur et à la France et ne sera pas ingrat, grâce à lui, de nombreux chrétiens furent sauvés lors des conflits entre chrétiens et musulmans au Liban en 1860.
Le Prince-président rend la liberté à Abd-el-Kader au château d'Amboise le 16 octobre 1852.
On peut voir, dans l'estime, que Napoléon porte à Ab-el-Kader tout l’intérêt que le Prince-Président porte à l’expansion coloniale de la France et particulièrement à l'Algérie dont il veut faire la tête d'un utopique royaume Arabe. Il crée un ministère de l'Algérie et des Colonies au mois de juin 1858 qu'il confie à son cousin germain le prince Napoléon. Ce dernier organise les préfectures et les sous-préfectures et donne plus de pouvoir aux civils. L'empereur conscient des problèmes que posent la distribution des meilleures terres arables aux colons nomme au ministère en 1859 Prosper Chasseloup-Laubat qui redonnera plus de pouvoir aux militaires.
2) Premier voyage en Algérie 17 au 20 septembre 1860.
Fêtes données à l'Empereur et à l'Impératrice à Alger le 20 septembre 1860.
Tableau d’Isidore Pils (1813-1875)
L’accueil que Napoléon reçoit en Algérie est décrite par la presse comme : '' Moins splendide que celle de Lyon et de Marseille mais beaucoup plus spontanée et originale…'' Effectivement les habitants de l'Algérie ont préparé quelque chose de grandiose, notamment un arc de triomphe recouvert de brocart.
L’évènement le plus important sera la pose de la première pierre, par le couple impérial le 18 au matin du nouveau grand boulevard longeant la mer. Il aura pour nom :'' Boulevard de l’impératrice''. C'est l'architecte Charles-Frédéric Chassériau qui réalise cet élégant ensemble.
Le boulevard de l'impératrice dont la première pierre fut posée en 1860 est terminé en 1865.
Le voyage est hélas écourté et ne durera que trois jours, car on apprend que la duchesse d'Albe, soeur aînée de l'impératrice est mourante.
Même si ce premier séjour fut bref, l'empereur a pu se faire une idée du pays, des problèmes que posent l'attribution des terres. Au cours de ses déplacements, il prononça le discours dit du royaume Arabe qui fut reçu avec peu d'enthousiasme par les autorités militaires et encore moins par la communauté européenne.
Dés son retour à Paris, Napoléon décide de rétablir le régime antérieur, il renforce les pouvoirs du gouverneur. Le gouvernement et l'administration sont de nouveau centralisés à Alger. Pour ce faire, il nomme un militaire comme gouverneur général de l'Algérie, le Maréchal Pélissier. Hélas, Pélissier atteint de sénilité n'est guère efficace. Après sa mort, en 1864, le poste de gouverneur général sera confié au maréchal Mac-Mahon.
3) Deuxième voyage en Algérie du 2 mai au 8 juin 1865.
Napoléon III fait grâce aux Flittas, 1865.
Tableau d' Henri-Alfred Darjou (1832-1874)
«Un spectacle inattendu, dit le Moniteur Universel du Soir, l'attendait à son arrivée. La grande tribu des Flittas entoura la voiture impériale et la sépara complètement de l'escorte, puis se précipita jusque sous les roues de la calèche, en poussant des cris d'abord incompréhensibles. Ce spectacle était réellement émouvant, car la tribu récemment soumise réunissait près de quinze cents fusils. Les Flittas imploraient la grâce de leurs coreligionnaires internés en France, à la suite des derniers troubles. La scène était touchante; des vieillards, des femmes, des enfants entouraient le Souverain dans les attitudes les plus humbles. Dans leur langage pittoresque de l'Orient, ils protestaient de leur dévouement futur, s'offrant comme otages de la parole donnée. L'Empereur, visiblement ému par cette scène de désolation, daigna accorder les grâces qui lui étaient demandées par toute une population. Je ne chercherai pas à vous décrire l'enthousiasme qui éclata, lorsque les paroles de pardon tombèrent de la bouche impériale. C'est au milieu d'une ovation qui atteignait le délire, que l'Empereur arriva à Relizane. Sa Majesté, après avoir visité minutieusement les magnifiques cultures des colons de Relizane et examiné le barrage établi sur la Mina, rentra à six heures à Mostaganem, où Elle fut accueillie par les vivats de la population qui s'était accrue dans la journée de toutes celles des villages parcourus la veille. » (voyage de sa Majesté l’empereur à Relizane)
Le deuxième séjour de l'empereur a lieu en 1865. Il traverse la méditerranée seul, et il a confié la régence à l'impératrice. Le 2 mai 1865, l'Aigle accoste au port d'Alger. Ce séjour, de plus d'un mois, va lui permettre de visiter de nombreuses villes: Rélizane, Oran, Mostaganem, Biskra, Bône, Tizi-Ouzou...
Pour se rendre à Blida, il empruntera la première ligne ferroviaire du pays, la toute récente liaison Alger-Blida. Il prononcera de nombreux discours où il exprime son désir de voir l’Algérie devenir un modèle de prospérité économique.
« L’Empereur et sa suite ont parcouru en voiture plus de 3 000 kilomètres. Tout le voyage a comporté un horaire très chargé, une alternance de séances de travail, notamment dans les Conseils généraux, et de prises de contact personnelles, tant avec des civils qu’avec des militaires, tant avec des Européens qu’avec des musulmans.» (ref. en biblio. René Pillorget)
Dés son retour, le 14 juillet 1865, est promulgué un sénatus-consulte (texte de loi émanant du Sénat), régissant la nationalité des habitant de l'Algérie et permettant aux Musulmans d'accéder aux postes administratifs et, après le décret du 27 décembre 1866, à la gestion des communes en échange de leur renoncement à la loi coranique, spécialement la polygamie incompatible avec la loi française.
Duval, Jules; L'Algérie et les colonies françaises, Paris, ed. Guillaumin, 1877.
Katan, Yvette; La seconde République et l'Algérie:une politique de peuplement? ; Actes du colloque du 150naire; ed.Créaphis, 2002.
Levallois, Michel; Ismaÿl Urbain: une autre conquête de l'Algérie; ed. Maisonneuve et Larose, 2001.
Magen, Hypolyte, Histoire du Second-Empire, bordeaux, 1878.
Seguin, Philippe; Louis-Napoléon le Grand; Paris, ed. Grasset, 1990
Sofiane et Farid, sur ce blog publié le 8 janvier 20008: ''La conquête de 1830 à 1901: Napoléon III et sa politique arabe''
Spillmann, Georges; Napoléon III et le royaume arabe d'Algérie; ed. Académie des sciences d'outremer, 1975
Tessier, Octave; Napoléon III en Algérie, ed. Challlamel aîné, 1865
Warnier, Auguste; L'Algérie devant l'empereur, ed. Challamel aîné, 1865.
Zakine, Hubert; Napoléon III en Algérie; sur Blogger publié le 26 avril 2011.
2 commentaires:
"Intéressant mais j’ai toujours un peu de mal avec les récits chronologiques. Je trouve qu’on ne voit pas suffisamment de problématique se dégager alors qu’évidemment le contenu est dense –les documents sources nombreux et bien intégrés. Un très bon travail en définitive."
SG
Ce travail a quelques défauts (on ne sait finalement pas trop quelle politique NIII mène en Algérie) mais il a aussi beaucoup de qualités qui l'emportent largement (illustrations, liens, descriptions, qualité de l'expression,...). Un grand bravo !
EA
"Petit commentaire concernant le Senatus consulte de Napo III et une petite conclusion :
Napo III, arrive au pouvoir en 1852 par un coup d’Etat. Il est empereur et fonde le Second empire.
Lettre destiné au gouverneur général de l’Algérie, le duc de Malakoff, en date du 6 février 1863.
Il fait deux voyages en Algérie en 1860 et 1865.
Très vite il s’attache à ce pays. Il a un projet en tête ; faire un grand royaume arabe d’Alger à Bagdad où règnerait l’égalité entre indigènes et européens. C’était un homme plutôt avancé pour son temps. Il a rendu visite à l’émir abd el Kader à Amboise et l’a fait libérer.
1. Quelles sont les critiques émises par Napoléon III, après sa première visite ?
- les 420000 hectares livrés par l’Etat à la colonisation sont sous exploités.
- il est contre le cantonnement :
« Méthode qui consiste à prélever des terres sur le domaine des tribus pour les concéder aux colons et à cantonner les indigènes sur les terres restantes les rendant sédentaires.
2. Quels sont les changements prévus dans ce texte ?
- la fin du cantonnement
- Il propose de mettre en place la propriété pour les musulmans. Mais les terres vont donc devenir un bien que l’on peut vendre ou échanger.
Il préconise une division des tâches ; aux paysans l’agriculture et l’élevage et aux européens les activités industrielles.
- c’est la fin d’une organisation dont le chef de tribus était le dépositaire :
plus de distribution en temps de famine de réserves de grains qui provenaient des dons et impôts de leurs sujets. les douars négligent la coutume qui était de faire des réserves dans des silos
- Ainsi disparaît tout un ensemble de défense éco vitales laissant la population rurale dépendante des prêteurs d’argent et des marchands de crédits.
Napo III jouit d’une popularité auprès des arabes. Napoléon III imposera cette lette comme un senatus consulte cad un décret (une loi à appliquer).
Mais opposition du parti des colons."
SG
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